Les vignettes d’Aéla : Des outils pour vivre ensemble – épisode 3
La communication en colocation, un élément essentiel pour de bonnes relations.
C’est pourquoi, avec l’équipe de psychologues de LOKI ORA, nous avons décidé de nous pencher sur cette question et de développer un projet visant à formaliser des concepts parfois flous, afin d’aider les colocataires à mieux se comprendre. Aujourd’hui, Aéla aborde les thèmes de l’isolement et de la solitude.
L’isolement et la solitude
L’isolement, la solitude sont des termes très souvent associés aux seniors. De quoi s’agit-il ? Pourquoi cette association ? Quel lien avec la colocation ?
Quelques éléments de définition
La notion de solitude ne fait pas consensus, néanmoins, il s’agit du sentiment d’être seul, un sentiment subjectif (Kauffman, 1995 ; Vercauteren, 2011). Ce sentiment « dépend du regard que l’individu porte sur sa propre situation et de son jugement personnel de la solitude » (Kauffman, 1995).
L’isolement est plus objectif et s’intéresse au réseau social d’un individu, aux liens sociaux que celui-ci entretient avec d’autres individus. Ainsi, il peut être évalué notamment au travers du nombre de contacts sociaux qui décroit.
Comme le souligne Castellan (2009), « la solitude ne se résume pas au manque de lien social, elle en est, en quelque sorte, la doublure ». L’isolement et la solitude sont deux termes différents souvent confondus, mais qui sont liés. L’un n’induit pas toujours l’autre.
L’isolement peut contribuer à la solitude mais ce n’est pas le seul facteur explicatif (Campéon, 2016). Certaines personnes voient l’isolement comme un temps de repos, de réflexion. Des individus peuvent être en situation d’isolement social, mais il est possible d’éprouver un sentiment de solitude sans être objectivement isolé (Dion, 2016).
À noter que la présence de la radio et de la télévision peut constituer une « sociabilité de substitution et un palliatif de la solitude » car celles-ci vont permettre d’avoir une compagnie lorsque les personnes vivent seules (Caradec, 2015).
Isolement, solitude et personnes âgées
Le sentiment de solitude et l’isolement est très fréquent chez les personnes âgées (Barth & Anteblian, 2010 ; Campéon, 2016) :
-
- Elles ont plus de risques d’être isolées : cela peut être expliqué avec l’arrêt du travail et le passage à la retraite où les contacts sociaux se réduisent et aussi par une expérience plus fréquente du veuvage pour ces personnes. De nombreuses personnes âgées vivent seules au sein de leur habitat (Couturier & Audy, 2016).
- Parmi les personnes âgées de 80 ans, plus de 11% d’entre elles sont en situation d’extrême isolement étant donné « qu’elles ne participent à aucune activité collective, ne séjournent pas chez des amis ou des parents, n’ont pas de contact personnel ou téléphonique avec leur famille, ou bien avec des amis, ne fréquentent pas leurs voisins » (Barth et Anteblian, 2010).
- Les sources potentielles de solitude chez la personne âgée sont notamment la retraite et le veuvage (Torres Egea, Gobartt Vasquez, Bosch et Bartolomé Puerto, 2007).
L’isolement et la solitude ont des conséquences délétères. Ils augmentent le risque de développer des problèmes physiques et mentaux. Freedman et Nicolle (2020) recensent par exemple :
-
- Santé physique : mortalité accrue, augmentation du nombre de chutes, hausse des maladies cardiovasculaire et maladies graves, augmentation du déclin fonctionnel, hausse de la malnutrition.
- Santé mentale : dépression accrue, hausse de la démence, baisse de la satisfaction envers la vie, hausse de la maltraitance des aînés.
Isolement, solitude et colocation
L’habitat partagé privilégie « le projet de vie collectif ou encore le vivre ensemble (nombreuses activités en commun) plutôt que le vivre chez soi » et il est caractérisé par des espaces communs plus importants que les espaces privés (Labit, 2016).
Il est basé sur le lien social et permet notamment (Williams, 2008 ; Labit, 2016):
-
- d’avoir des relations sociales,
- de rompre avec la solitude et l’isolement,
- d’être indépendant au sein d’un collectif,
- de vivre au coeur d’un projet de vie collectif qui offre la possibilité d’être soutenu et aidé par le groupe (et inversement), de ressentir de la sécurité.
L’habitat partagé a également pour conséquence une augmentation du bien-être des colocataires grâce aux échanges plus fréquents ou encore au partage des compétences et des tâches relatives à la vie quotidienne (Williams, 2008).
D’ailleurs, les colocataires Loki Ora l’affirment, grâce aux liens sociaux créés, ils ne sont pas ou plus isolés et/ou ils vivent une solitude choisie ! 🙂
Bibliographie :
la solitude des personnes âgées. Gérontologie et Société, 38(149), 11-23. doi:10.3917/gs1.149.0011.
Caradec, V. (2015). Sociologie de la vieillesse et du vieillissement. Clamecy, France : Armand Colin
Carrère, A., & Dubost, C-L. (2018). Etat de santé et dépendance des seniors. In J-L. Tavernier (Dir.), France, portrait social (pp. 71-88). Montrouge, France : Institut national de la statistique et des études économiques.
Castellan, Y. (2009). Le sentiment de solitude. Le Journal des Psychologues, 273(10), 54-57. doi:10.3917/jdp.273.0054.
Couturier, Y. & Audy, E. (2016). Isolement social des personnes aînées : entre le désir de désengagement et le besoin d’un soutien concret. Gérontologie et Société, 38(149), 125-140. doi:10.3917/gs1.149.0125.
Dion, M. (2016). L’isolement et la solitude des personnes âgées au prisme du regard démographique. Gérontologie et Société, 38(149), 55-66. doi:10.3917/gs1.149.0055.
Freedman, A., & Nicolle, J. (2020). Isolement social et solitude: les nouveaux géants gériatriques: approche à l’intention des soins primaires. Canadian Family Physician, 66(3), 78-85.
Kauffman, J. C. (1995). Les cadres sociaux du sentiment de solitude. Sciences Sociales et Santé, 13(1), 123-136.
Labit, A. (2016). Habiter en citoyenneté et solidarité pour mieux vieillir. Gérontologie et Société, 38(1), 141-154. doi:10.3917/gs1.149.0141.
Torres Egea, P., Gobartt Vasquez, A., Bosch, J. & Bartolomé Puerto, A. (2007). Le poids des réseaux sociaux dans la lutte contre l’isolement des personnes âgées. In P. Pitaud (Ed.), Solitude et isolement des personnes âgées (pp. 221-231). Toulouse, France: ERES. doi:10.3917/eres.pitau.2007.01.0221.
Williams, J. (2008). Predicting an American future for cohousing. Futures, 40(3), 268-286
Vercauteren, R. (2011b). S. In R. Vercauteren (Dir.), Dictionnaire de la gérontologie sociale: Vieillissement et vieillesse (pp. 123-236). Toulouse, France: ERES.
↑ retour aux actualités