Paul nous parle de sa colocation
23 mai 2022
Paul a été invité le mardi 3 mai dernier, à prendre part à une réunion avec les élus de la Métropole nantaise autour de l’habitat seniors. Il a pu partager sa vie en colocation à l’âge de 82 ans.
Il nous transmet ses craintes, ses joies et sa vie, tout simplement.
Merci pour son témoignage !
« Bonjour, je m’appelle Paul et je vis en colocation senior à la Chapelle-sur-Erdre depuis 2 ans et demi. Si je suis là c’est pour partager avec vous un peu de cette expérience.
– Vous dire comment j’en suis arrivé là
– Faire un petit bilan des choses positives et négatives
Je voudrais surtout transmettre un peu du bonheur que j’ai à vivre cette expérience, plutôt que nous avons car c’est un bonheur partagé donc augmenté.
A nos âges, on pense que la vie est pliée et puis il nous arrive encore cette aventure de vivre avec d’autres et d’oser encore faire du neuf.
Comment j’en suis arrivé là ? J’étais en location dans une charmante petite maison à Sainte-Luce-sur-Loire mais ma propriétaire voulait reprendre son bien. Me voici donc parti à la recherche d’un nouveau lieu de vie. Dans mon réseau on m’informe que j’ai peut-être droit au logement social. Mais le retour de mon dossier fait apparaître que nos revenus dépassent de peu mais dépassent le plafond. Je me tourne donc vers les bailleurs privés et là surprise on me dit que je dépense trop. En effet depuis 1 an mon épouse atteinte d’Alzheimer est en Ehpad et je dois débourser plus de 2000 euros/mois. J’ai un reste à vivre de 1500 euros, on m’explique qu’il faut le diviser par 3 pour obtenir le prix du loyer et on me dit qu’à 500 euros je ne trouverai rien de bien.
J’ai eu un moment de panique et me suis demandé si j’avais encore une place sur cette terre. Je continue mes recherches, visite des endroits, des résidences seniors ( trop chères également ) et m’oriente vers l’habitat partagé et me retrouve à une réunion avec l’association Hacopa qui cherche à constituer un foncier pour un projet à long terme, cela ne fait pas mon affaire mais on m’indique une autre association, LOKI ORA qui a ce projet mais avec un bailleur privé sur la Chapelle. J’appelle le vendredi, les réunions de préparation à la colocation démarrent le lundi. J’y vais et dès le début je sens, je sais que je suis au bon endroit. Nous sommes un dizaine de personnes et pendant 3 séances avec les personnes de l’asso et une psychologue nous allons vérifier que nous sommes faits pour cette formule et que cette formule nous convient. Nous resterons à 4 et nous emménageons le 1er novembre 2019.
Il y avait une énorme prise de risque et beaucoup d’inconscience pour s’embarquer dans cette aventure mais j’y suis toujours depuis et ces deux années et demi sont très enrichissantes. Nous avons vécu un départ et une arrivée, c’est dire que les événements n’ont pas manqués.
Petit bilan les+ et les –
+ ne plus être seul. Quand je rentre je sais que quelqu’un m’attend, ça change tout et c’est réciproque : lorsque quelqu’un revient nous préparons son retour : son repas est prêt et c’est l’occasion de petites attentions.
+ Nous sommes les acteurs, les auteurs de notre vie : c’est nous qui décidons de quoi sont faites nos journées : horaire des repas pris ensemble ou pas etc…
+ c’est nous qui décidons de notre mode d’être a le vie, à la vieillesse, à l’habitat
+ c’est une excellente école de la démocratie : apprendre à décider ensemble
+ merci à l’asso Loki Ora pour sa préparation et le suivi (conseil de maison)
+ situation dans une commune où il est facile de vivre et où nous avons trouvé notre place : nous avons fait la une du journal municipal et sur le marché on nous reconnaît.
L’asso Loki Ora a des liens avec la commune.
+ valeurs communes : partage, humour, respect, modestie, nous avons le sentiment de faire notre part en ce qui concerne l’écologie puisque nous partageons le loyer, les charges et le quotidien.
+ nous ne sommes pas aidants mais entr’aidants nous mettons en musique le concept d’entre et danse ! Ce n’est pas si simple en particulier pour Yves qui a des périodes difficiles pour se déplacer faire la cuisine mais qui tient à garder son autonomie ; il faut trouver la juste position mais cela se parle et nous nous ajustons dans l’humour.
_ je ne suis plus chez moi je suis « chez nous » même si j’ai ma cellule de moine.
_ pour en arriver là il faut se dépouiller extérieurement et intérieurement. C’est un travail qui nécessite de lâcher prise sur bien des choses mais aussi de faire confiance car au départ on ignore tout de ce qui va se passer.
_accueillir des amis,sa famille n’est pas si simple. Pour les repas nous y arrivons à condition d’anticiper, pour le coucher c’est plus compliqué. A contrario, comme nous avons été un an à 3 il y avait une chambre de libre et elle a bien servie.
Les questions
Plus que des questions j’ai plutôt eu un retour positif : ce qui a été apprécié c’est le fait de ne pas avoir masqué les difficultés et d’avoir transmis mon plaisir de partager cette formule de vie.
En conclusion je dirais que nous sommes au début de ces nouveaux modes d’être à la vie et qu’il ne faut pas craindre de faire marcher nos imaginaires pour inventer encore et toujours de nouvelles façons de vivre tout simplement.
Paul Dequiedt »
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