Jonathan Eudeline

Directeur et coordinateur de l’association Silver Anana

Entretien réalisé en Juin 2025

Bonjour ! Pourriez-vous vous présenter, nous parler de votre métier et de votre parcours ; ce qui vous plaît dans votre activité ?

Bonjour ! Je m’appelle Jonathan et je suis le directeur et coordinateur de l’association Silver Anana. Avant cela, j’ai travaillé pendant une quinzaine d’années en tant que directeur de projet informatique, principalement dans le secteur de l’assurance et de la banque.
J’ai ensuite eu l’opportunité de travailler dans une banque d’affaires à Singapour, dans un environnement très axé sur le business. C’est à ce moment-là que j’ai ressenti un véritable décalage entre mes valeurs, ce que je souhaitais faire et ce que je faisais réellement. Au-delà de cela, après quinze années d’expériences variées, je me suis rendu compte que j’avais des compétences que je pouvais mettre à profit pour monter un projet.
Avec ce point de départ, je me suis demandé quel service utile je pourrais imaginer pour une cause qui me tiendrait à cœur. Je savais que je voulais m’engager dans une cause sociale et avoir du contact avec les gens. En discutant avec mes amis et ma famille, j’ai constaté qu’il y avait un véritable enjeu autour du démarrage de la retraite. En interrogeant une trentaine de jeunes retraités, j’ai réalisé que pour beaucoup, cette transition n’était pas si simple.
J’ai donc découvert une réalité que je n’avais pas du tout identifiée et que peu de gens prennent en compte, car nous ne pensons pas à la retraite, cela nous semble encore loin. J’ai également constaté qu’il existe peu de dispositifs d’accompagnement, peu de propositions de la part des pouvoirs publics et peu d’informations accessibles de manière accompagnée. En effet, nous trouvons des blogs et des sites internet sur comment bien vieillir, avec des conseils et des injonctions très généralistes, mais très peu de conseils personnalisés. Face à ce constat, j’ai commencé à rassembler un collectif et nous avons créé ensemble l’association Silver Anana, qui a pour mission d’aider les jeunes retraités, âgés de 60 à 75 ans, à retrouver du lien social. L’association a été fondée en janvier 2023 et regroupe désormais une vingtaine de personnes, investies dans le conseil d’administration ou en tant que bénévoles.
Nous proposons des ateliers collectifs en présentiel ainsi qu’une plateforme de recommandation personnalisée d’activités, prenant en compte le contexte, les envies, le profil et les motivations de chaque personne.

Dans tout ce que je fais, ce qui me donne vraiment le sourire à la fin de la journée, c’est d’animer des ateliers. C’est tout simplement de rencontrer des gens qui arrivent en expliquant leurs problématiques et qui repartent avec des pistes d’amélioration et des idées à développer. J’apprécie également de les rappeler pour prendre des nouvelles. Rendre un service concret, c’est vraiment gratifiant.

Aujourd’hui, un français sur cinq est âgé de 65 ans ou plus et ce chiffre va continuer de croître. Selon vous, quels sont les besoins des seniors actuels et futurs ?

Selon moi, il existe différentes catégories de seniors. Parle-t-on des jeunes seniors ou plutôt des plus âgés qui peuvent se diriger vers la dépendance ? Si nous évoquons les seniors plus âgés, il est clair qu’il y a besoin de nouveaux dispositifs pour accueillir les personnes qui ne peuvent plus vivre chez elles, dans des espaces peut-être plus accueillants que les EHPAD.
En ce qui concerne les jeunes seniors, il est important de mettre en avant le fait qu’ils sont encore dynamiques et qu’ils ont beaucoup à apporter. D’après les témoignages que j’ai reçus, de nombreuses personnes se sentent rapidement mises de côté lors du départ à la retraite. Du jour au lendemain, le téléphone ne sonne plus et les e-mails restent sans réponse.

Et de votre point de vue, en lien avec votre domaine d’activité, quels sont les bénéfices et/ou intérêt de la colocation entre seniors ?

J’ai moi-même beaucoup expérimenté la colocation, d’abord en tant qu’étudiant, puis en tant qu’actif, avec des amis et des personnes que je ne connaissais pas auparavant. J’ai bien conscience des aspects positifs et négatifs que j’ai pu vivre, et j’ai instinctivement tendance à les transposer aux seniors.
Ce qui est appréciable dans la vie en colocation, c’est d’avoir toujours de l’animation autour de soi, de pouvoir partager des choses et d’avoir, ne serait-ce qu’une présence. De plus, il y a l’aspect entraide. Si tu te trouves dans un environnement où tu ne connais pas tes voisins, que tu n’es pas là depuis longtemps et que tu as un meuble à transporter, par exemple, tu peux demander de l’aide à la personne qui se trouve dans la chambre à côté. Cela crée forcément des liens et favorise la solidarité.