Portrait de Carole Anne

Carole-Anne-Laidin

Coordinatrice de l’association Globe Conteur

Entretien réalisé en Mars 2025

Bonjour ! Pourriez-vous vous présenter, nous parler de votre métier et de votre parcours ; ce qui vous plaît dans votre activité ?

Bonjour ! Je m’appelle Carole Anne et je suis coordinatrice des bénévoles collecteurs pour l’association Globe Conteur. Depuis le début de ma vie professionnelle, je travaille dans l’éducation populaire. J’ai découvert l’animation au cours d’un service civique, ce qui m’a donné envie de passer un BPJEPS. Pendant plusieurs années, j’ai principalement travaillé avec la jeunesse. En parallèle, chaque année, j’étais en direction de séjours adaptés avec des personnes en situation de handicap, et j’étais également bénévole pour une association qui effectue des maraudes pour les personnes à la rue.
Ces expériences m’ont amenée à passer un DEJEPS animation sociale, durant lequel j’ai effectué un stage à La Cloche, une association de lien social pour les personnes en situation de rue. Cette expérience m’a ensuite propulsée vers la coordination de projets avec des publics fragilisés.

Ce qui m’a plu dans le projet de Globe Conteur, c’est l’idée de faire participer les gens à faire des choses ensemble. Je pense qu’il est essentiel de faire des choses ensemble pour faire société. Dans l’association, mon rôle est d’offrir aux bénévoles collecteurs un espace pour se retrouver et maintenir cette identité de collecteur d’histoires de vie. Ce que j’aime dans mon activité, c’est de créer du lien, de favoriser les échanges entre les personnes, et de faire en sorte que le collectif soit toujours un espace d’apprentissage. La dynamique collective est là où nous apprenons le plus sur nous-mêmes et sur les autres.

Globe Conteur est né d’un groupe d’amis qui ont été confrontés à la perte de personnes autour d’eux. Certains avaient partagé leur histoire, d’autres non, mais il n’y avait jamais eu d’enregistrement de ces récits. Ce que je trouve intéressant, c’est que Globe Conteur est parti d’un groupe de personnes liées par l’affection, qui ont créé cette association. Petit à petit, cela s’est professionnalisé dans l’idée d’accompagner les territoires à faire émerger les paroles et les histoires des personnes qui y vivent.
Nous accompagnons les individus à révéler leur histoire, en veillant surtout à ce que les habitants soient moteurs dans ce projet. L’objectif est également de créer des liens plus profonds entre les personnes.

Aujourd’hui, un français sur cinq est âgé de 65 ans ou plus et ce chiffre va continuer de croître. Selon vous, quels sont les besoins des seniors actuels et futurs ?

Comme tout citoyen, quel que soit son âge, il est essentiel d’être ancré dans la société, d’avoir une place et une utilité. Il n’y a rien de pire pour un être humain que de se sentir inutile. Les personnes âgées peuvent rapidement être mises de côté, car elles peuvent ne plus avoir envie de s’impliquer. Cependant, comment faire pour leur laisser quand même une place ?

 

Et de votre point de vue, en lien avec votre domaine d’activité, quels sont les bénéfices et/ou intérêt de la colocation entre seniors ?

Je vais parler avec ma casquette de fille d’une personne qui vit en colocation. Je dirais que la colocation permet de re-questionner des choses que l’on pense acquises dans ses comportements et dans ce que l’on pense des autres. Cela peut créer de la frustration ; sur le moment, ce n’est pas agréable, mais une fois que l’on a réussi à dépasser cette frustration et à établir un lien avec l’autre, on en ressort très fier.
Au début, c’est ce que j’ai pu observer dans le processus pour ma mère : beaucoup de frustration et d’incompréhension envers l’autre, notamment sur sa façon de vivre. Mais après quelques mois, lorsque ces incompréhensions ont été surmontées, je l’ai sentie très fière. En fin de compte, je pense que cela permet aux gens d’avancer dans leurs réflexions sur la vie. Pour les jeunes, c’est pareil ; cela offre un apprentissage de soi.
Je sens également qu’elle s’est davantage ancrée sur le territoire grâce à la colocation ; peut-être qu’elle ne l’aurait pas fait autant si elle vivait seule. Cela crée une dynamique motivante : si ton colocataire arrive et te parle d’un restaurant, tu auras peut-être envie d’y aller. C’est la même chose pour les jeunes.

    Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit lorsque je vous dis « colocation seniors » ?

    Challenge et expérience.

    Enfin, une question bonus pour clôturer cet entretien sur une note plus « humoristique » : pourriez-vous constituer votre groupe de colocataires idéal, que les personnes soient célèbres ou non, vivantes ou mortes ? Laissez libre cours à votre imagination.

    Je pense que mes colocataires actuels sont parfaits pour moi en ce moment. Nous aimons les mêmes choses et avons le même rythme de vie. Je n’aurais pas répondu la même chose il y a 10 ans, mais actuellement, c’est ce qui est important pour moi.
    Pour des personnes célèbres, je verrais bien quelqu’un qui sait bien cuisiner et qui aime la bonne nourriture. Pourquoi pas Philippe Etchebest ? En plus, nous avons les mêmes goûts musicaux. Ensuite, un humoriste, peut-être Waly Dia, ou toute la bande de La Dernière sur Nova. J’aimerais aussi des personnes qui font de la musique.
    Mais sinon, ma colocation idéale, c’est celle que j’ai actuellement.